lundi 25 février 2013

La trilogie c'est bien, en abuser ça craint

Derrière ce titre qu'Aznavour qualifierai de "bohémien" se cache une vérité : comme tout bon fan de "Star Wars" préfère la première trilogie, la plupart des gens vous diront que 3 épisodes de "La vérite si je mens" ou des "Bronzés" suffisent largement...(d'ailleurs, c'est comme si je mettais 10 "..." au lieu de 3, c'est lourd...........) Mais voila, Hollywood est une machine vorace dont la boulimie diagnostiquée n'est que trop peu traitée.
Avec, en plus, un calendrier drastique qui oblige les majors à pondre leur rejetons dans un délai très serré pour que nos cerveaux lobotomisés n'oublient et ne remplacent pas un héros par un autre : le rythme étourdissant de la saga "Twilight" réussit à produire 5 films de 2008 à 2012. Il ne faudrait surtout pas que nos acteurs changent trop comme dans "Harry Potter" ni que les spectateurs aient une poussé d'hormones.

Un tiens vaut-il vraiment mieux que deux tu l'auras ?

Cela marche aussi pour les films qui ne sont pas tirés de saga et qui n'ont pour excuse que le succès de leur premier volet : celui du film d'horreur espagnol "REC" (32 millions de recettes pour 1.5 millions de budget) lui permit de bénéficier d'un remake américain ("En quarantaine") ainsi que 2 suites, le tout sortis entre 2007 et 2012. Mais l'histoire ne s’arrête pas là : alors que le 2ème volet ne rapporta "que" 18 millions de recettes pour le même budget, le dernier épisode en date coûta 5 millions pour un résultat de moins de 10 millions. Vous me direz que cela double la mise de base et les producteurs du film ont pensé comme vous car un "REC4 apocalypse" est déjà prévu pour 2013.
Comment leur en vouloir, ne feriez-vous pas la même chose ? Si par exemple je vous proposais de poser sur une table une somme, n'importe laquelle, et vous demandais de faire une imitation de Michel Leeb, lui-même imitant à merveille un autochtone asiatique ou africain, tout en vous promettant de doubler votre somme. Tentant, non ?
Malheureusement, les exceptions à cette règle sont rares : en effet, sans "Evil dead 1" et "Evil dead 2", je n'aurais pas pu pleurer de rire devant le 3ème opus. Sans persévérance, Batman n'aurait jamais eu de nouvelle chance après sa période Schumacher ("Batman Forever" et "Batman et Robin"), bien qu'il ai fallu attendre près de 20 ans avant la trilogie de Christopher Nolan. Mais même cette dernière a souffert de son succès : après un premier opus réussi mais qui ne casser pas trois pattes à une chauve-souris, le succès retentissant de "The Dark knight" (la barre du 1 milliards de recettes dépassées pour un film qui n'a pas été tourné en 3d) ouvrit forcement un appel d'air pour un 3ème film. Malheureusement, le projet initial de faire de ce film un nouveau combat magistral entre Batman et le Joker a été perturbé par la mort de Heath Ledger (Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation). Nolan et consort durent donc revoir leur plan sans jamais abandonner simplement l'idée même de ce film : "The Dark knight rises" est incomplet, aussi léger scénaristiquement parlant que le "Batman Begins" et du coup fait retomber le souffle de cette trilogie comme une courbe de Gauss.

"Weird science"... 

Afin d'identifier leur cible et de lui préparer le meilleur des produits, les Majors doivent s'appuyer sur une multitude de recherches et sondages : l'équation sang + gros seins ou pets + gros seins ou bien encore gros seins + gros seins sont des mantras auxquels s'ajoutent le temps d'attention. George Clooney l'a d'ailleurs dit : les acteurs ont une durée de vie et d'exposition limitée : une dizaine d'année environ. Ce n'est pas la carrière ciné de Kad Merad qui le contredira. Du coup, l'optimisation du calendrier est de mise, tant le public à besoin de renouvellement : quand on voit celui des films de superhéros siglé Marvel ("Iron man 3" en mai prochain, "Thor 2" en novembre, "Capitaine America 2" en avril 2014, pour une sortie de "The Avengers 2" en 2015), on comprend la peur des studios de tomber dans l'oubli.
L'ennui est une donnée importante de l'équation et quoi de mieux pour le chasser que de reprendre un film qui a marché par le passé dont on est à peu près sûr de la notoriété. Grâce à l'invention du remake/reboot/adaptation internationale, on a par exemple eu le droit à des chef-d'oeuvres tels que "Dredd" (où ce pauvre Karl Urban a accepté de dissimuler son visage ainsi que sa honte sous un casque), "Total recall" ou encore "21 jump street". Dans la même veine, un autre concept si peu innovant consiste a tirer sur des séries plusieurs années après. Ne va-t-on pas avoir le droit à un 5éme chapitre de "Die hard" (alors que le 4ème avait résussi à terminer derrière "Ruh hour 3" au box-office américain...) ? N'a-t-on pas eu droit à un 4ème "Jason Bourne" sans Jason Bourne dedans ?

 A lont time ago...

Chaque génération à sa trilogie, les star wariens d'un jour sont les possesseurs de l'anneau d'hier, aujourd'hui potteriens. Chaque style ayant son héros phare, les films d'actions ont eu Dirty Harry dans les années 1970, McClane fin des années 90 et Bourne début 2000. Du coup, même si je reste un grand fan de la saga "Die hard",  le fait d'avoir vu au cinéma "Jason Bourne" m'a poussé à en faire ma trilogie préférée. Et, non content d'avoir fait un numéro 3 trop semblable au numéro 2,voila qu'Hollywood ne veut plus attendre que Matt Damon revienne et tente d'injecter du sang frais en la personne de Jeremy Renner (mais si, vous l'avez vu partout sans retenir son nom : Hawkeye dans "The Avengers" ou compère de Tom Cruis dans le dernier "Mission Impossible").
Mais comment faire du Bourne sans Bourne ?  Comment rester dans les pas de la machine à tuer qu'il était sans en faire une pâle copie ni un "nouveau James Bond", des fois que Matt Damon ne fasse un come-back ? Et bien, leur réponse, en faire toujours plus : le  film devient donc un mauvais mélange entre Fast and Furious et Resident Evil : de l'action pour de l'action mais avec un poil de sf, le Bourne nouveau étant shooté à des produits que même Lance Armstrong avait refusé à l'époque.
D'ailleurs, que dire des agents envoyés pour intercepter Bourne ? Tandis que l'un tentait de le tuer à distance, un autre s'essayait au close combat, mettant en avant la capacité tout terrain du Jason. Histoire d'en faire toujours trop, dans le dernier, Renner est confronté à la devise olympique : "Plus loin, plus haut, plus fort"; des méchants  tellement forts et intelligents qu'on se demande ce qu'ils foutaient lors des 3 premiers films !!!!!!

Toi aussi donne ton sang... Hollywood en a besoin!!!!

Ce qui a fait la force d'un McClane, d'un Bourne ou même de Batman, c'est qu'en plus d'être des anti-héros, ils en prennent plein la gueule et se relèvent. Plus humains qu'un Superman, on aime les voir s'en prendre plein la tronche : savoir encaisser plutôt qu'esquiver fera toujours de la boxe un sport plus regardé que l'escrime. Cela fait sûrement ressortir notre volonté de nous identifier à ces personnages, de vouloir combattre ainsi, prêt à plier mais ne pas rompre. C'est ce qui sépare Jason Bourne du personnage interprété par Jeremy Renner : l'éternel combat entre l'homme et la machine, le conditionnement face au choix.
Que voulez-vous, on aime la mise en perspective : malgré les résultats, on préférera Senna à Schumacher car la difficulté et le labeur ont plus de retentissement. Mais bon, pour achever de vous convaincre et revenir à nos moutons, j'ai l'argument ultime, le point Godwin du cinéma : Indiana Jones 4.