jeudi 6 septembre 2012

"Homeland" en terre hostile ?

"Avoir du nez", "être au bon endroit au bon moment", etc... Ce qui a pu paraître comme un talent, une chance, un hasard est aujourd'hui devenu clairement une obsession. Les médias par exemple multiplient les interventions, les duplex, triplex (et autres lofts...) afin de ne rien rater, d'être le premier sur le coup. Il est vrai que l'on se souvient surtout du premier qui équivaut au vainqueur d'une guerre : qui pourrait me citer les 11 hommes qui ont marchés sur la lune mise à part feu Neil Armstrong ? On se remémore à la rigueur Buzz Aldrin comme étant surtout le plus gros perdant au shifumi.

Bien des exemples, comme les premières vidéos de la chute du World Trade Center, mais aussi celles de la tonte de Britney Spears... Car, bien sûr, cette pluie d'images est parfois, voire de plus en plus, nocives et, dans le cas des séries tv et du cinéma, coûteuse. Toutes les productions américaines sont ainsi scrutées, analysées dans le but d'acquérir les meilleures. Un nom clinquant, un sujet croustillant, un ovni novateur... tels sont les aspects qui aident nos acheteurs dans leurs choix. Plus ou moins heureux, ces derniers sont les garants de notre accès (ou non) à certaines séries ou film.
La liste des "oublis" étant trop longue pour que je ne vous perde, intéressons-nous aux sélectionnés et notamment ceux de Canal+, ces dernières années : pressurisé par le mastodonte TF1 dans ces achats, la chaîne cryptée a parfois succombé aux sirènes des gros titres, comme ce fut le cas pour le très décevant "Flash Forward" (petit frère asthmatique de "Lost"). Ajoutez à cela l'énigmatique remake du "Prisonnier" (pas tant dans son contenu mais surtout dans la démarche même d'en faire un remake...) qui n'aura servi que de casting géant pour relancer Jim Caviezel et faire découvrir aux américains la délicieuse Ruth Wilson.
Pas encore convaincu ? Alors, je vous parlerez de "The Event" : j'aurai adoré pouvoir vous faire le "e" à l'envers comme dans le titre original, peut être seul élément renversant de cette série... Survendue, cette série qui voulait surfer sur la vague des productions SF de la télé américaine, comme Catwoman aurait aimé le faire sur celles des Comics, n'a survécu qu'une seule saison. Je vous passe mon énervement quant à la promo de Canal qui vendait la série, alors déjà annulée, comme "l'événement de la rentrée"...

C'est dans cette environnement que débarque donc "Homeland". Qu'est ce qui protège donc cette dernière venue de la déconvenue endémique qui touche les séries US de notre chaine payante? Sûrement son format : 12 épisodes programmés entre octobre et décembre 2011. Une intensité que les shows d'une vingtaine d'épisodes ne peuvent recréer sous peine d'en dévoiler trop. Il est donc bon de noter que les 2 séries de la rentrée 2011 les plus récompensés ("Homeland" et "Boss") se déroulent en 12 épisodes.
Du coup, lorsque la 4ème chaîne nationale française (suis à cours de synonymes...) en est à ses achats pour la rentrée 2012, la sérié a déjà été plébiscitée, recevant pas moins de 2 Golden Globes sur 3 nominations (le 3ème étant chipé par Kelsey Grammer de "Boss" à Damian Lewis). Elle est également diffusée ou en prévision dans pas moins de 28 pays dont notamment l'Afghanistan : pas mal quand on est une série qui aborde le terrorisme! De là à dire que la malédiction est rompue, il n'y a qu'un pas ; surtout que pendant ce temps, M6 a acheté la rafraîchissante série "The Finder" (avec feu Michael Clarke Duncan) qui fut pourtant annulée depuis...
Mais "Homeland" pourra-t-il crier terre en arrivant sur Canal (blague sponsorisée par Wall Street English...) ? Nous le découvrirons après la diffusion des premiers épisodes.